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Les Sarcophages Mérovingiens D'Ayron

Où et quand ont-ils été trouvés ?

A la fin des années 1990, le propriétaire d’une maison située dans le bourg près de l’église, en effectuant des travaux, a eu la surprise de découvrir dans son séjour quatre sarcophages Mérovingiens.

Après plusieurs semaines d’arrêt des travaux et l’intervention des services d’archéologie de Poitiers, ces sarcophages ont été placés dans les caves du château.  

A leur découverte, ils contenaient encore quelques restes humains,  mais ces sépultures avant déjà été violées il y a très longtemps.  

C’est quoi Mérovingien ?

La période Mérovingienne (du nom du grand-père du roi Franc Clovis, Mérovée) va de 480 à 750 après J.C. Elle suit la fin de l’empire romain. Les Francs, peuple germanique d’abord basé en Allemagne de l’Ouest et en Belgique, occupent alors tout notre pays qui devient la France avec pour capitale Paris.

Même si cette époque est troublée par de nombreuses guerres, c’est celle ou notre pays se christianise, se couvre d’abbayes  et de villages construits autour d’églises et de chapelles.

Sainte Radegonde, qui a fondé l’abbaye Sainte Croix à Poitiers, une des plus anciennes de France,  était une reine Mérovingienne.

Pourquoi des sarcophages ?

Les anciens romains incinéraient leurs morts et déposaient leurs cendres dans des urnes qui étaient enterrées. A partir du IIIème siècle cette pratique a été progressivement abandonnée avec le Christianisme pour l’enterrement tel que nous le connaissons.  Les  romains les plus riches, s’inspirant des pratiques funéraires égyptiennes,  se sont alors fait enterrer dans des sarcophages en pierre dont certains étaient sculptés.  

A la chute de l’empire romain, les francs ont occupé notre région (bataille de Vouillé en 507). Ils étaient chrétiens depuis peu (baptême de Clovis, premier roi Mérovingien,  en 496).  Sans doute pour imiter les riches romains, les francs les plus fortunés ont lancé la « mode » des sarcophages en pierre qui s’est développée au VIème siècle et a duré environ 300 ans.  

Les corps étaient enterrés les pieds à l’est, la tête à l’ouest, assez souvent avec des objets personnels ou des bijoux.

Qu’est-ce que cela veut dire pour Ayron ?

Bien que la commune ait été traversée par la voie romaine Poitiers Nantes, on ne sait pas si notre village existait à l’époque romaine.

La présence de sarcophages mérovingiens trouvés près de l’église actuelle signifie que notre village a  au moins 1 300 ans. Comme le prieuré d’Ayron appartenait à l’abbaye de Sainte Croix de Poitiers qui a été fondée en 552, il est possible que ces sarcophages datent de cette époque.

Il semblerai qu'Ayron ait été une nécropole mérovingienne qui a comporté plusieurs dizaines voire plusieurs centaines de sarcophages.

C’est rare ?

Il y a des sarcophages Mérovingiens dans toute la France, mais notre région en possède beaucoup avec 84 sites dans la Vienne.   

Le plus connu est la nécropole de Civaux (une des plus grandes d’Europe) qui était à l’époque un site religieux très important. Le cimetière mérovingien de Civaux couvrait autrefois 3 hectares. Il y reste 350 sarcophages mais il devait y en avoir des milliers…

A Ayron comme à Civaux, l'église est consacrée à Saint Gervais et Saint Protais. Il est possible que la présence d'une nécropole soit due au sanctuaire de ces saints.

Où et comment les sarcophages étaient-ils  fabriqués ?

Ces sarcophages n’ont pas été taillés sur place. Il existait en fait à l’époque mérovingienne une véritable industrie du sarcophage dans des carrières souterraines ou à ciel ouvert.  

Dans la région, il en existait dans la forêt de Moulières, dans les vallées de l’Anglin et de la Vienne, à Saint-Epain et à Panzoult (37)  et à Doué la Fontaine (49). Des carrières de la vallée de l’Anglin et de Panzoult,  auraient été extraits plus de 10 000 sarcophages.  Les carrières souterraines de Doué la Fontaine en auraient produits plus de 120 000,  exportés jusqu’en Angleterre et en Belgique ! 

Il est à noté la finesse de la taille de ces sarcophages avec pour certain une entaille pour la tête du defunt. 

Bon nombre de ces sarcophages ont ensuite été récupérés comme matériau de construction ou comme auge pour nourrir les animaux.